Son histoire
Le cheval de Przewalski, connu par les mongols sous le nom de takh (ce qui signifie « cheval sauvage » ou « esprit ») a été découvert par les Européens en 1879 par l’explorateur russe Nikolaï Przewalski à qui des mongols présentèrent la peau et le crâne d’un équidé inconnu. Il ramena cette découverte en Occident, ce qui déclencha alors un engouement par tous les muséums et zoos de Russie et d’Europe pour ramener ces chevaux chez eux. Cela dit, les takhis étaient connus des populations locales depuis plusieurs siècles. Ainsi dans le livre « l’histoire secrète des mongols » on y raconte la rencontre de Gengis Khan avec ces chevaux sauvages.
Suite à la « découverte » par les européens de ce cheval, plusieurs campagnes de chasses furent organisées pour ramener des spécimens vivants (souvent de jeunes individus) dans les zoos. Afin de ramener ces jeunes, l’abattage de toute la famille était nécessaire car les juments et les étalons défendaient âprement leurs jeunes. Ainsi un peu moins d’une centaine de chevaux de Przewalski furent amenés en Europe et en Russie suite aux chasses du 19ème et 20ème siècle. Et c’est en 1969 que le dernier takh libre a été aperçu en Mongolie.
Les raisons de cette extinction sont mal connues car très peu de données sur cette espèce sont disponibles. Il semblerait qu’au moment de la découverte des takhis par les occidentaux, leur population était déjà en déclin. Les chasses pour en capturer auraient accéléré le processus mais les suppositions sur les raisons de cette diminution se dirigeraient vers la compétition avec les troupeaux domestiques les poussant loin des meilleurs pâturages et points d’eau. On estime son aire de répartition originelle comme étant la ceinture des plaines eurasiatiques.
L’espèce fut donc considérée par l’IUCN (Union Internationale de Conservation de la Nature) comme « éteinte à l’état sauvage » car une population a survécu dans les zoos. Tous les chevaux vivants encore aujourd’hui sont donc issus de cette petite population.
Fort heureusement, les chevaux de Przewalski ont bénéficié d’un suivi généalogique au même titre que les équidés domestiques dans les haras. Ainsi, un studbook international a été créé et la généalogie complète des individus y est notée, facilitant le travail de gestion de la population globale internationale. Ceci permettant d’optimiser les croisements au sein de la population pour diminuer la consanguinité. Malgré cette organisation rigoureuse, le cheval de Przewalski reste une espèce sauvage très consanguine car la population captive a connu plusieurs « goulots d’étranglement », les réduisant à seulement 13 individus dans le monde après la seconde guerre mondiale.
Dans les années 1990, plusieurs projets de réintroduction ont vu le jour, un en Chine et deux en Mongolie (parc de Hustai et parc du Gobi B), ainsi que notre projet de réacclimatation à la vie en liberté avant la réintroduction en Mongolie en 2004. Ces projets peuvent être considérés comme une réussite, car l’on compte en 2023 près de 500 chevaux en Chine et plus de 800 en Mongolie. Dont environ 150 chevaux au sein de notre programme de réintroduction. Au total il y a environ 3000 takhis. Ainsi l’espèce est devenue « en danger » selon la classification ICUN.
La génétique du cheval de Przewalski
Le cheval domestique et le cheval de Przewalski sont les deux seules sous-espèces de chevaux au monde. On les considère comme sous-espèces car elles peuvent se reproduire ensemble et les hybrides sont viables et fertiles.
On estime la divergence entre ces deux sous-espèces entre -35 000 et -40 000 ans. La domestication des chevaux est estimée elle à environ – 5000 ans. Donc le cheval de Przewalski n’est pas l’ancêtre du cheval domestique mais son cousin. Il y a encore quelques milliers d’années, d’autres espèces de chevaux existaient dans le monde, mais elles ont toutes disparues.
Génétiquement, on peut les différencier car les takhis ont une paire de chromosomes en plus que leurs cousins domestiques (66 contre 64) car 2 paires de chromosomes ont fusionné pour ces derniers. Mais cette différence disparait chez les hybrides de deuxième génération, rendant difficile la détection de ces derniers.
Orlando, L. (2020). The Evolutionary and Historical Foundation of the Modern Horse: Lessons from Ancient Genomics. Annual Review of Genetics 54, annurev-genet-021920-011805. doi:10.1146/annurev-genet-021920-011805
Grace au studbook international et à notre suivi individuel des chevaux avec tests ADN, nous pouvons obtenir la contribution de chacun des 13 fondateurs de la population mondiale actuelle au niveau génétique pour notre population et la comparer avec celle de la population mondiale. Ceci pour nous aiguiller sur le choix de chevaux à importer ou à exporter au sein d’autres populations.